[Histoire] 1er mai 1886 et l’émeute de Haymarket
Nous sommes en 1840 et un peu partout aux États-Unis, un mouvement ouvrier se fait de plus en plus entendre. Suivant l’exemple de la ville de Boston qui l’adopta dès 1848, nombreuses sont celles qui réclament à leur tour de passer à la fameuse journée de huit heures. Les « Eight hour leagues » naissent et rassemblent syndicalistes et militants.
La ligue des huit heures à Chicago
A Chicago, en pleine croissance industrielle, c’est Albert Parsons qui est à la tête de la ligue. C’est un militant politique et syndical, responsable local d’organisations sociales et membre des Chevaliers du Travail.
Les Chevaliers du travail, Knights of Labor en anglais, ont été fondés en 1869 à Philadelphie mais au départ c’était une société secrète, basée sur des rituels de la franc-maçonnerie. Il faut attendre 1878 avant qu’ils ne deviennent un syndicat reconnu et réputé.
Si officiellement la journée des huit heures a été votée par le congrès de l’Illinois en 1867, dans la pratique elle n’est pas appliquée. En effet, beaucoup d’exceptions permettent de contourner la loi.
L’idée d’une manifestation nationale fait alors son chemin dans les grandes villes. Et c’est Chicago qui devient la capitale des « huit heures » et vers qui tous les yeux se tournent le 1er mai 1886. Date de la manifestation.
La grande manifestation se déroule le long de Michigan Avenue, emmenée par Albert Parsons, accompagnée de sa femme Lucy, une militante afro-américaine.
Manifestations et grèves continuent les jours suivants jusqu’à l’événement connu comme l’émeute de Haymarket.
L’émeute de Haymarket
Le 3 mai 1886, une grève se passe devant l’usine McCormick. Des briseurs de grève et des policiers sont appelés mais ces derniers tirent sur les manifestants. Deux ouvriers sont tués.
Des militants anarchistes appellent à une manifestation de protestation le lendemain soir. Place de Haymarket.
Debout sur une carriole, August Spies, militant anarchiste, prend la parole le 4 mai à Haymarket, demandant le calme. Mais à 22h30, alors que Samuel Fielden prend la parole, la police débarque pour mettre fin au rassemblement. Une bombe artisanale leur est lancée, faisant 1 mort parmi les policiers. Un échange de coup de feu suit pendant plusieurs minutes. Huit policiers et 4 manifestants sont tués et on compte des dizaines de blessés.
Plusieurs centaines personnes furent arrêtées et 8 furent inculpées pour le meurtre des policiers. Parmi les accusés, Albert Parsons, August Spies et Samuel Fielden.
Même si la justice n’a pas assez d’éléments contre eux, elle les tient pour responsables en raison de leurs mobilisations et actions qui a mené à la bombe. Avec le recul, ça rappelle un peu l’histoire de The Trial of the Chicago 7 en 1968.
Sept des huit accusés furent condamnés à mort. En appel, Fielden et un autre accusé échappent à la peine de mort et obtiennent la prison à vie.
Le 11 novembre 1887, Parsons, Spies et les autres furent pendus. Juste avant, ils chantèrent « La Marseillaise », hymne du mouvement révolutionnaire.
Les « martyrs de Haymarket »
Ils devinrent des figures centrales du mouvement ouvrier mondial.
Le 1er mai devient la journée internationale des « huit heures » et dès le 1er mai 1890, la journée connait un grand succès en Amérique et en Europe.
En 2004, le Maire Richard M. Daley inaugure une sculpture représentant un orateur sur une carriole, lisant un discours et entouré d’autres personnages.
Avec l’émeute de Haymarket, nous apprenons d’où vient l’origine du 1er mai tel qu’on le connait aujourd’hui.
Mais au fait, qu’en est-il de la journée des huit heures à Chicago ? Malheureusement les manifestations n’auront pas eues gain de cause et elle ne sera jamais vraiment appliquée. Cela aura même mis à mal certaines organisations syndicales.
Voir la sculpture Haymarket
Adresse : 151-169 N Des Plaines St
Métro : Clinton (Green, Pink Line)